Le Marie est un caractère exclusif et identitaire dessiné à l’Atelier National de Recherche Typographique dans le cadre spécifique d’une commande effectuée en février 2016 par Fabrication Maison pour la signalétique de l’Institut International de la Marionnette situé à Charleville-Mézières.

Son dessin s’inscrit dans la famille des linéales dites humanistes. Son dessin uniquement capitalisé est basé sur les proportions et la structure de la capitale romaine. Le processus de création s’appuie sur la pratique du théâtre d’objet: afin de reproduire l’énergie insufflée par l’acteur marionnettiste lors de la mise en mouvement d’un objet, le processus de création des lettres s’attache à la notion de manipulation. La lettre n’est plus dessinée par son contour mais véritablement construite par le noir. Enfin, sa construction résulte directement de la manipulation et de l’assemblage des traits décomposés de son ductus. La décomposition de l’alphabet opère une simplification du ductus qui permet de mettre en mouvement certaines lettres par l’insertion des fûts obliques. Paradoxalement, cette réduction du nombre de traits constitutifs de la lettre, en un répertoire élémentaire est suivie d’une expansion du nombre de variantes pour chacune des lettres. Cette perturbation de la structure canonique renvoie directement au geste et à l’expressivité d’une lettre libérée de son modèle. Tel un simulacre du geste, cette lettre accidentée semble provenir de l’énergie spontanée d’un tracé produit par l’exécution d’un mouvement rapide et maladroit. Le principe de ligatures contextuelles tente de traduire à l’échelle du mot et du texte, la dimension scénique et chorégraphique présente dans la pratique contemporaine du théâtre de marionnettes. L’insertion et la fréquence des obliques génèrent une tension et un mouvement dans la construction du mot. La rencontre des lettres perturbées par les obliques (‹A›, ‹M›, ‹N›, ‹V› et ‹W›) est visuellement liée par la gestion du blanc. Ces connexions entre les lettres produisent des rapports de force, des jeux et parfois des dialogues mouvementés au sein de la composition typographique. Les lettres dansantes du Marie prennent alors vie dans le contexte du mot. La variation (en témoigne les nombreuses occurrences des lettres ‹M› et ‹N›) joue de cette polyphonie comme si chaque lettre incarnait un nouveau rôle dans la mise en scène du mot.