Banane Bleue – Écritures matricielles et histoires post-industrielles

Banane Bleue s’intéresse aux histoires post-industrielles de l’axe rhénan à travers le prisme de la culture visuelle et de l’histoire (typo)graphique liées aux territoires traversés dans le cadre de cette recherche, des Vosges à la Meuse et au Rhin.

Partie centrale de la dorsale européenne, la banane bleue est un foyer de l’industrialisation ainsi que l’espace de diffusion d’un certain humanisme. Cette autoroute de l’imprimerie est aujourd’hui le symbole d’une forme de déclin (pollution, inégalités économiques, crise sociale et écologique). Alors que la typographie est bien identifiée dans l’histoire du livre et de l’imprimé, le patrimoine de la lettre industrielle semble moins documenté. Ces alphabets ont vu le jour pour des besoins spécifiques appliqués à des domaines multiples (mécanographie, textile) dans un contexte de production industrielle. Les caractères utilisés sur d’autres matériaux que le papier (machines, tissus) impliquent la création de matrices (moules, planches) dans une perspective de standardisation.

Ce volet du projet de recherche part sur les traces de Thérèse de Dillmont (1846-1890), brodeuse autrichienne et éditrice de manuels pour l’entreprise textile DMC à la fin du XIXe siècle à Mulhouse, et du dessinateur de caractère suisse Adrian Frutiger (1928-2015), qui développa l’OCR-B dans les années 1960, une police de reconnaissance optique utilisée par l’entreprise Bull, pionnière de l’informatique, notamment à Belfort et à Namur. Ces deux figures emblématiques sont le point de départ d’une exploration du paysage (typo)graphique industriel de l’axe rhénan et des histoires qu’il peut nous révéler à travers ces caractères brodés ou informatisés.