Comment un caractère typographique transmet/dit/montre/incarne des contenus/textes/pensées/concepts, au-delà de la mise en page?

À l’opposé de la théorie énoncée par Beatrice Warde et soutenue par Stanley Morison sur la transparence de la mise en forme du texte, des caractères typographiques et leur objectivité1, cette recherche tend à questionner l’incarnation du contenu textuel à travers la plus petite unité de communication qu’est la lettre. La transmission d’un texte ne passe pas uniquement par la perception physiologique sensorielle, mais également par une perception sensible – tout texte est vu aussi bien que lu2. Aussi, à quel moment et jusqu’à quel point un caractère typographique peut-il incarner le contenu qu’il donne à voir et à lire? Comment se manifeste la subjectivité d’un dessinateur de caractère lors de la création d’un caractère sur-mesure, à la lecture d’un texte? Qu’a-t-il à dire de la forme de ces lettres, de ces mots, de ces phrases, de ce texte? Cette recherche questionne plus largement la notion d’identité(s) d’une famille de caractères dont plusieurs variantes seraient dessinées en relation directe avec des textes choisis pour l’occasion. Quels seraient les éléments variables et les éléments fixes constitutifs de cette identité? À quel moment les variantes produites restent dans une continuité logique ou cessent d’y appartenir?

1. Beatrice Warde, «The Crystal Goblet, or Printing Should Be Invisible.», The Crystal Goblet: sixteen essays on typography, London, The Sylvan Press, 1955 

2. Emmanuël Souchier, «L’image du texte pour une théorie de l’énonciation éditoriale», Les cahiers de médiologie, vol. 6, no. 2, 1998, p. 137–145.