Un espace d’hybridation entre la France et l’Allemagne.

Les conventions soulignent combien une frontière est une limite, elle semble au contraire être un point de ralliement entre différentes cultures. L’ouvrage «Le Même Air» permet de rendre compte de la singularité des espaces hybrides que sont les zones frontalières. Il rassemble des travaux de références ainsi que des travaux personnels, qu’ils soient photographiques, vidéographiques ou textuels portant sur le thème des frontières et des migrations entre les pays. À l’image des zones frontalières qui sont moins une limite qu’un lieu de mélange progressif entre deux pays, l’objet éditorial produit connaît une évolution dans son contenu. Les documents présents dans la première partie de l’ouvrage proposent des définitions du terme de frontière, la seconde partie rassemble des souvenirs de frontaliers et de personnes ayant été sujets à un changement de pays.

La troisième partie de l’ouvrage rassemble des travaux personnels qui présentent un point de vue en tant que frontalière. Une quinzaine de designers graphiques, d’artistes, de dessinateurs de caractères, de professeurs et d’architectes français, allemands et franco-allemands ont été contactés. Tous ont été touchés par un changement de pays ou par la frontière directement. Ils ont accepté de répondre à des questions portant sur l’impact qu’ont les frontières sur eux et leur environnement. Ils ont également témoigné sur les caractères qu’ils associent à la France ou à l’Allemagne.

La photographie a une place primordiale dans l’ouvrage réalisé. Les images sélectionnées s’apparentent au style documentaire, une approche prônant l’effacement du photographe au profit d’une image objective permet, en apparence, au spectateur de faire sa propre interprétation du sujet photographié. Sur le plan typographique, un glissement s’opère tout au long du livre entre deux caractères: l’Akzidenz Grotesk d’une part, et une didone à l’accent germanique d’autre part, le Berthold Walbaum. Leur rencontre produit un nouveau caractère, une linéale contrastée nommée Akzidenz Modern. Cette hybridation s’opère progressivement, et modifie discrètement la tonalité du texte. Il semblerait que ces lignes sur les cartes, artefacts choisis par l’Homme afin de délimiter son espace, ne séparent pas seulement les individus, mais permettent aussi la rencontre.

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