Approche typographique d’un phénomène d’épigraphie vernaculaire

Vers 1850, alors sommés d’inscrire un matricule à l’avant de leur bateau, les pêcheurs du Finistère profitent de la contrainte pour inventer une écriture aux formes marines inédites. Au tournant du siècle, chaque port possède ainsi une façon de faire propre et des spécificités remarquables de dessin des chiffres et de sa lettre initiale. Peints et parfois gravés dans le bois, ces signes font l’unanimité chez les marins-pêcheurs, au point que le style breton se répand rapidement sur la côte atlantique.

De ces modestes chaloupes sardinières, il ne reste rien aujourd’hui que le témoignage photographique des premiers curieux venus sur le littoral ; aucun relevé d’époque et peu d’artefacts antérieurs à l’entre-deux-guerres ne subsistent.

Les questions soulevées par cette soudaine graphie vernaculaire s’accumulent au fil des entretiens menés auprès des « anciens » – marins de génération en génération, passeurs de l’histoire des gens de mer – : faut-il y voir des motivations esthétiques, identitaires ou propitiatoires ?


Thèse de doctorat menée au sein de l’école doctorale n°472 (Université PSL–EPHE, École Pratique des Hautes Études) dans l’unité de recherche Saprat (EA4116, Histoire de l’écrit : Savoirs et pratiques du moyen-âge à l’époque contemporaine). Travaux co-dirigés par Marc Smith (paléographie, PSL EPHE – École nationale des chartes, Paris) et Alice Savoie (typographie, ANRT, Nancy), depuis octobre 2021.