Les fontes de gravures et leur lien intrinsèque avec les machines-outils à commandes numériques (MOCN) proposent de nouveaux enjeux formels et techniques complexes.

Comment les penser, les dessiner et les optimiser? Avec quel logiciel? Dans quel format? Pour quel corps de texte? Quel support? Quel type d’usinage? Quel usage?

Elles amènent en effet à penser la typographie hors des domaines d’application habituels de l’imprimé/écran, pour l’amener vers ceux de l’usinage et du prototypage rapide.

Cette partie de la création de caractères n’a que rarement attiré l’attention des typographes professionnels. Les ingénieurs étaient préférés aux designers pour répondre le plus rapidement possible à un problème technique industriel. Aujourd’hui, le répertoire des polices de gravures disponibles reste à interroger et à étoffer. Il se contente principalement d’imiter des modèles historiques avec une qualité de dessin médiocre, et reste exclusivement disponibles dans des logiciels de CAO. Par ailleurs, la démocratisation d’accès aux MOCN liée à l’émergence d’espaces dédiés au prototypage rapide (FabLabs, Maker Space, etc.) place ces machines hors de leur contexte initial de production de masse. Ainsi, cette nouvelle situation permet d’introduire des outils et des logiques autrefois réservées au monde industriel dans le processus de recherche en design typographique (temps d’observation, détournement, expérimentation).

Dans une démarche finalement proche de celle de l’ingénieur (car préoccupé par le souci d’optimisation), les enjeux de cette recherche sont donc opérationnels et critiques:

  • comprendre cette nouvelle relation que le dessinateur de caractères peut entretenir avec les MOCN

  • interroger et enrichir le répertoire des polices de gravures

  • dégager des formes adaptées / optimisées

  • proposer un protocole / processus de création précis et déterminer ses cadres d’utilisation