Développement d’un caractère phonétique étendu
Sarah Kremer zoomDéveloppement d’un caractère phonétique étendu pour la numérisation du Französisches Etymologisches Wörterbuch de Walther von Wartburg. En collaboration avec le FEW/ATILF-CNRS (Analyse et traitement informatique de la langue française), Nancy.
Le laboratoire ATILF conserve, exploite et augmente le contenu de nombreux dictionnaires historiques de la langue française. On compte parmi eux un document de référence pour l’étymologie du français: le Französisches Etymologisches Wörterbuch communément appelé le FEW. Initié dans les années 1920 par le lexicographe et philologue suisse Walther von Wartburg, il est sous-titré Une représentation du trésor lexical gallo-roman. Il tente de retracer de manière exhaustive la génétique des lexiques parlés sur l’ancien territoire de la Gaule, suivant leur évolution au fil du temps et des territoires. Chaque article du FEW s’intéresse à l’histoire d’un étymon. Toute l’évolution de ce mot racine est déroulée, ses différentes formes sont listées en italique, et italique interlettré lorsqu’elles ont été relevées à l’oral. Pour ces transcriptions, Wartburg n’emploie pas l’alphabet phonétique international mais des caractères spécifiques, constitués de lettres latines additionnées de multiples signes diacritiques. Ils sont spécifiques à l’étude des langues romanes et s’inspirent de notations relevées à l’Antiquité, au Moyen Âge et dans certaines langues vivantes. Les fontes qui intègrent ces caractères spécifiques ne respectent pas les recommandations du consortium Unicode ce qui complexifie considérablement la saisie et la diffusion des nouveaux articles.
Une collaboration entre le Centre du FEW et l’ANRT envisage donc la production d’une série d’alphabets spécifiques pour le dictionnaire ainsi que la refonte de la maquette des articles, sous forme imprimée et numérique. La linéarité des articles est mise à mal par une importante fréquence de capitales, de chiffres et de signes de ponctuation. C’est en cherchant à minimiser l’impact de ces éléments qu’ont été défini les proportions du romain. La structure complexe des articles du dictionnaire impose à chaque variante typographique un rôle sémantique particulier. Les conventions stylistiques sont donc à manipuler avec précaution. C’est dans un échange quotidien avec les linguistes de l’ATILF que l’autonomie formelle des styles a été spécifiquement renforcée. Le début des articles est désormais souligné par l’utilisation d’un caractère gras affirmé. Le caractère romain utilisé dans le corps de l’article compose de manière plus discrète les nombreux sigles bibliographiques. Les variantes de l’étymon principal, qu’elles soient composées en italique ou en petites capitales romaines se détachent davantage du bloc grâce à leur graisse légère. Les schémas de consultation du dictionnaire sont, pour les prochains mois, de nouveaux territoires à investir.