Le style gothique est apparu dans l’écriture de manière lente et progressive en France et en Europe entre le 13e et 14e siècle. Il est né notamment grâce à l’évolution de l’outil d’écriture, et de l’art de la calligraphie venu des pays anglo-saxons. Symbole du Moyen Âge, la lettre brisée est le fruit de la main de l’Homme. Sa forme typographique disparaît progressivement en France, pour se limiter au rôle de titrage.

Elle réapparaît peu à peu en Europe, et ce style “néo-gothique” typographique connait son apogée durant la première moitié du 19e siècle, en grande partie grâce aux mouvements artistiques et littéraires de l’époque. Durant cette même période et sous l’influence occidentale, tant au niveau social, culturel et plus précisément littéraire – et donc typographique –, c’est l’occasion pour la Russie de faire la découverte du style gothique.


La littérature a été un puissant vecteur à la transmission de l’art typographique. C’est ce qui a donné l’opportunité à la Russie de fondre des caractères inédits : des caractères cyrilliques gothiques. Cette création artificielle proposant la rencontre de deux entités culturellement très différentes, pourrait être qualifiée d’“oxymore“ typographique, scripturale.

Ce choc cyrillique–gothique, fruit d’un grand contraste culturel, est inattendu et très peu répandu.