Dans les premières décennies suivant l’apparition de la technique d’imprimerie dans le monde occidental, différents styles d’écritures voient le jour, inspirés des modèles calligraphiques alors en usage. Au milieu de cela, les fontes dites ‘italiques’, nées dans les ateliers d’un imprimeur vénitien, semblent être les premiers résultats d’un véritable ‘design’ typographique, d’une réponse formelle adaptée à un besoin fonctionnel – celui d’un gain d’espace. Aujourd’hui, pas une famille de caractères destinée à la composition éditoriale n’est diffusée sans la base d’un romain et de son italique, le second étant dessiné en fonction du premier et réservé à la simple distinction d’éléments particuliers au sein du texte. Entre ces deux constats, plus de cinq siècles d’évolution, d’affinement ou de remise en question de l’aspect et du statut de ce fidèle compagnon dont les particularités sont multiples et subtiles, et qui ne pourrait être synthétisé que par son seul caractère oblique. L’idée était de centrer l’attention sur l’italique – les italiques – vis à vis du romain et le glissement vers un modèle familial aujourd’hui fortement ancré dans les habitudes sans trop être questionné. Il s’est agit d’étudier comment et pourquoi ces deux modèles se sont rencontrés. Et plus encore de quelle manière leur relation forte a pu modifier l’apparence et la structure de cette écriture typographique inspirée de la calligraphie humaniste, jusqu’à parfois lui retirer toute sa cursivité originelle.

Un travail de dessin de caractères a permis de poser la question du changement de style comme expérience de lecture et non comme la mise en forme d’une hiérarchie; en faisant se rencontrer les deux caractéristiques de l’italique, d’un côté la pente et de l’autre la cursivité, la famille Hernani permet de créer un espace de discours particulier, elle dessine le contour de nos codes et de nos habitudes pour y tisser des liens inattendus.